« Ce film ne parle ni d’endurance ni de résilience. C’est un film sur la résistance. ». Tels sont les mots lancés par l’acteur et réalisateur Nate Parker pour qualifier son film The Birth of a Nation lauréat des grand prix du jury et prix du public au dernier Festival du Film de Sundance.
De passage à Palo Alto, j’ai fait un détour du coté de l’université de Stanford ou le département African & African American Studies accueillait sa conférence annuelle sur les questions raciales.
L’invité d’honneur était Nate Parker que l’on a découvert il y a quelques années aux côtés de Denzel Washington dans le film The Great Debaters. Venu présenter son premier long métrage et sa trajectoire militante, il a marqué la soirée par ses déclarations fortes et sans détours.
Martelant la dénonciation « l’état d’urgence » permanent aux Etats-Unis, il a évoqué le meurtre du jeune Mike Brown à Ferguson, le système carcéral américain qui enferme des Noirs de manière disproportionnée pour finir par raconter sa longue relation avec son « héros », Nat Turner.
Nat Turner est le personnage principal de The Birth Of Nation. Si son nom est peu connu en France, il n’en est pas pour autant le fruit d’une histoire fictive. Cet esclave, héros de la libération noire, est à l’origine d’un soulèvement d’esclaves contre l’oppression des esclavagistes en 1831. Le film de Nate Parker raconte cette révolte, réprimée par le sang.
Le titre du film a été choisi pour faire écho à un film du même nom réalisé D.W. Griffith en 1915 et connu comme étant la mise en scène de l’abjection de l’idéologie raciste qui régnait alors aux Etats-Unis. Pour donner un maximum de visibilité à son film et permettre une large diffusion notamment auprès des élèves de lycées, Nate Parker est allé jusqu’à décliner l’offre de distribution de Netflix, pourtant financièrement plus alléchante que l’accord finalement conclu avec Fox Searchlight.
Comme la plupart des personnes assistant à la conférence, j’ai été épatée par la puissance de l’intervention de l’acteur engagé, qui tranche avec une certaine réserve, plus habituelle chez les personnalités médiatiques.
Espérons que ce film saura bousculer le consensus blanc qui préside les Oscars depuis quelques années, et se fera une place lors de la prochaine cérémonie en 2017.